Zenkunen no eki (前九年の役) et Gosannen no eki (後三年の役)
Les « guerres antérieurs de neuf ans » (Zenkunen no eki, 前九年の役) sont une série de campagnes militaires de la seconde moitié du XIème siècle opposant les troupes de la capitale commandées par Minamoto no Yoriyoshi (源の頼義), et les Abe (安倍氏), famille très puissantes dans la région septentrionale de Mutsu, chefs des populations dites « fushû » (俘囚), c'est à dire les Ezo (蝦夷), qui s'étaient soumis à la cour. Ces guerres de 1051 à 1062, sont comme des poussées de violences entrecoupées de longues trêves . Elles sont suivies, à la fin du XIème, par une autres série de conflits regroupés sous l'appellation de de « Go sannen no eki ».
Milieu XIème, les
Ezo étaient regroupés dans six districts établis
dans le nord de Mutsu (Oku rokugun, 奥六郡)
: Isawa ( 沢),
Esashi (沢刺),
Waga (和賀),
Hienuki (稗貫),
Shiwa (紫波)
et Iwate (岩手).
le contrôle se faisait par leurs chefs (俘囚の長)
titre héréditaire lors des évènements
depuis trois générations à la plus puissante des
familles des la région, celle des Abe, qui avaient ainsi
obtenu une grande puissance et qui cherchait à l'étendre
vers le sud au delà des six districts. Cette recherche de
d'avantage de puissance vers le sud ne pouvait aboutir que sur un
conflit avec le gouvernement de la province de Mutsu.
En 1051, Fujiwara no Naritô
(藤原の登任),
gouverneur de Mutsu, allié à Taira no Shigemori (平の重盛)
gouverneur du château d'Akita (Akita-jô no suke, 秋田城の介)
en Dewa, attaque les Abe mais subit de lourdes défaites.
La cour impériale décide nommer
alors en qualité de gouverneur de Mutsu, Minamoto no Yoriyoshi
(源の頼義).
La cour cependant choisit le
compromis avec le chef des Abe, Abe no Yoriyoshi, qui obtient une
amnistie et voie son nom personnel changé en Yoritoki (頼時).
La situation semble calmée.
En 1056, alors que le mandat de
Yoriyoshi allait prendre fin, une rixe entre Japonais et Ezo fait
plusieurs morts dans un campement près de la rivière
Akuto (阿久川).
Le fils de Yoritoki, Abe no Sadatô (安倍の貞任),
est accusé. Les Abe se sentent humiliés, entrant en
rébellion ouverte: les six districts sont en état de
sécession. La cour reconfirme Minamoto no Yoriyoshi dans ses
fonctions avec pour mot d'ordre d'attaquer les Abe. Ceux-ci,
farouches, infligent de sérieux revers à Minamoto no
Yoriyoshi.
En 1057, Yoritoki est tué au combat et Sadatô continue
la lutte. Grâce à leur connaissance du terrain, les Abe
infligent de lourdes défaites à leurs ennemis dont la
bataille de Kiyomi (異海),
dont seuls trois cavaliers minamoto s'en sortent.
Finalement Yoriyoshi parvient à reconstituer ses
forces, surtout grâce à l'alliance de Kiyohara no
Takenori (清原の武則)
qui modifie les rapports de force. Les Kiyohara sont comme les Abe
des chefs de populations Ezo installées, elles, en Dewa. En
1062, ils lèvent une nombreuse armée qu'ils mettent à
la disposition de Yoriyoshi. À l'automne, tous les points
d'appui des Abe tombent les uns après les autres et les
membres du clan vaincu, encerclé dans un fort sur la
Kuriyagawa (厨川),
sont tués. Le prestige de Minamoto no Yoriyoshi en sort grandi
mais c'est Kiyohara no Takenori qui, nommé général
chargé de pacifier les rebelles (Chinjufu shôgun,
鎮守府将軍),
obtint les moyens officiels d'assurer sa domination sur les provinces
du Nord.
Les « guerres postérieurs de Trois Ans » (Gosannen
no eki, 後三年の役),
quant à elles, se bornes à une série de lutte
intestines au sein du clan Kiyohara pour que, selon le Ôshû
gon sannen ki (奥州後三年記)de
1347, les trois demi-frères à la tête du clan ne
monopolisent pas chacun le pouvoir. En fait au lieu d'être une
lutte défensive pour garder le clan hors de la «
tyrannie », il s'agit bien d'une lutte pour l'hégémonie.
Depuis la fin de la Guerre antérieur de Neuf ans, le clan
Kiyohara a étendu ses terres sur celles du clan sécessionniste
des Abe.
Lié à Sanehira
(un des demi-frères), le gouverneur (kokushi, 国司)
de la province de Mutsu, Minamoto no Yoshiie (源の義家,
1039 ; 1106), dû intervenir auprès de Sanehira puis à
la mort de celui-ci, intervint auprès de Kiyohira. Son
intervention connu le même succès que celle de son père
Yoriyoshi contre les Abe. Mais pour la cour, le conflit ressemblait à
une affaire privée et Yoshiie ne reçut rien en
récompense. La cour reconnaitra 11 ans plus tard les mérites
de Yoshiie, mais la puissance qu'il avait acquerit entre temps avait
semble-t-il fait perdre tout caractère académique au
débat.
Bibliographie :
- Maison franco-japonaise, Dictionnaire historique du Japon, "Zenkunen no eki" et "Gosannen no eki", Maisonneuve et Larose, 1961-1995.
- TURBULL, Stephen, Japanese castles, AD 250-1540, Osprey Publishing, 2008.