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Historia Nipponica
1 décembre 2008

L'époque Heian

L'époque de Heian commence avec l'établissement de la Cour à Heian-kyô et s'achève avec la chute des Taira (Heishi, 平氏) et l'autorisation donnée à Minamoto no Yoritomo (源の頼朝) de nommer des gouverneurs militaires (shugo, 守護) et des intendant domaniaux (jitô, 地頭) en 1185.

Mais le critère de résidence du pouvoir n'est pas satisfaisant dans la définition de la période. La nature du pouvoir ne change presque pas des époques précédentes ; le système du ritsuryô seidô (律令制度) s'est même maintenu jusqu'au XIIIème siècle.

Durant cette période dite de Heian on distingue une période initiale, une période moyenne et une période finale.

La période initiale commence avec le règne de Kammu tennô qui abandonna Heijô-kyô (平城京) en 781 et s'achève avec le règne de Daigo tennô en 930. Durant cette sous période, l'unité du pays est effectuée, vers le Xème siècle, par la conquête des régions du Nord de Honshû et l'organisation des provinces de Mutsu (陸奥国) et de Dewa (出羽国).

Des ambassades furent envoyées en Chine en 804-805 et 838-839, mais les relations avec l'empire du continent furent coupés en 894, de même qu'avec Shiragi (Silla, 新羅) et Bokkai (渤海), état qui disparaitra au Xème siècle. Cependant le pays n'était pas fermé et des moines venus de Chine continuaient de venir dans l'archipel.

Durant cette période initiale, on y voit la volonté de préserver le système des codes, traduit par un grand effort de codification et de compilation. On a retenu ceux de l'ère Kônin (弘仁, 810-824) et Jôgan (貞観, 859-877) et les textes presque complet de l'ère Engi (901-923), l'Engishiki (, « le règlement de l'ère Engi »,延喜).

Le Dajôkan a également émis des kyaku (), textes modifiant les lois, de façon fréquente jusqu'au premiers tiers du Xème siècle, regroupé ultérieurement dans le Ruijû-sandai-kyaku (« le décret des trois ères », 三代格).

La cour a exercé son contrôle sur l'écriture de l'histoire jusqu'à la dernière des Six Histoires (Rikkokushi, 六国史, 720-901) et les Chroniques véridiques des trois règnes (Nihon-sandai-jitsuroku, 日本三代実録). les études littéraires pourvoyeuses de fonctionnaires lettrés sont mises en place au IXème siècle avec l'organisation de la « voie des lettres » (monjô-dô, 文章道). Cependant, l'apparition des kana vient « court-circuiter » et tempérer la domination de la culture chinoise et permet la commande d'une anthologie de poème, le Koki waka shû (« les poèmes de jadis et de maintenant », 古今和歌集) en 905.

Fin VIIIème début IXème, puis début Xème encore, des efforts d'applications plus strict des codes, pour mieux contrôler l'administration provinciale, pour diminuer certaines charges du peuple (par abandon du service militaire et la création des kondei (健児), soldats d'élites, ainsi que par l'assouplissement des clivages entre sujets ordinaires (ryômin, 良民) et humbles (semmin, ), en autorisant les mariages mixtes). Son désir était de conserver le service agraire et fiscal et d'éviter l'appropriation des terres par les grandes familles et le développement des domaines (shôen, 荘園). En 902, grâce à Fujiwara no Tokihita (藤原の時), un décret alla dans ce sens, et des tentatives de distributions des rizières de la catégories des rizières de répartition (kubunden, 口分田). Des fonctions hors-codes (ryôge no kan, 令外の官) firent leur apparition début IXème siècle telle la chancellerie privée (kurodôdokoro, 蔵人所) ou le bureau de police (kebiishi-chô, 検非違使) mais ces organes ne marquent pas tant un affaiblissement du pouvoir ou un abandon du régime des codes qu'une manière d'aménager plus efficacement son fonctionnement.

Le IXème siècle fut celui de la montée en puissance de Fujiwara no Fuyutsugu (藤原の冬嗣) et la formation de la fonction de régent (sesshô, 摂政) et de grand rapporteur (kampaku, 関白), grâce à Yoshifusa (良房) et à Mototsune (基経). cette montée provoquera des intrigues de cour en grand nombre, dont les troubles de l'ère Jôwa en 842 (Jôwa no hen, 承和の変), l'incident de la porte Ôtemmon en 866 (Ôtemmon no hen, 大天門の変), l'affaire Akô en 888 (Akô jiken, 阿衡事件) et l'exil de Sugawara no Michizane (菅原の道真) en 901. À chaque fois la maison Fujiwara pris prétexte pour éliminer des familles ou des clans rivaux.

L'époque moyenne est dite époque Fujiwara (Fujiwara jidai, 藤原時代) parce qu'elle vit le triomphe de cette famille.

Les spécialistes s'accordent à dire que cette sous-période commence à l'incident de l'ère Anna (Anna no hen, 安和の変) en 969 et s'achève un siècle plus tard , à l'avènement de l'empereur Go-Sanjô, en 1068.

Durant environ deux siècles, les Fujiwara consolidèrent leur pouvoir à la cour en éliminant leur concurrents et en écartant les autres clans ou familles des hautes charges et des postes de hauts dignitaires. Pour assurer leur hégémonie, ils usèrent principalement de leur parenté par les femmes avec la maison impériale, et ainsi protéger les princes impériaux, leurs petits-fils ou neveux, et d'en pousser à la succession. Par leurs positions de grand-pères ou d'oncles, ils exercèrent auprès des empereurs mineurs la fonction de régent (sesshô, 摂政) et auprès d'empereurs adultes celui de grand rapporteur (kampaku, 関白), conseiller privilégié. Ces fonctions ont été constituées fin IXème siècle, mais au début XIème siècle, à la fin du règne de l'empereur Daigo et sous celui de l'empereur Murakami, au milieu du siècle, elles ne furent pas décernées. À l'avènement de Reizei tennô en 967, cette fonction fut confiée à Fujiwara no Saneyori (藤原の実頼), aîné de la maison. À partir de cette date, les dissensions au sein de la famille Fujiwara restent fortes avant que que Fujiwara no Michinaga (藤原の道長) ne l'emporte en 995, refusant ce pendant de se parer de la charge de grand rapporteur et n'accepta que pour peu de temps celle de régent en 1016. Mais il disposait des compétences propres à la fonction, car il avait reçu la charge d'examen (nairan, 内覧). Après lui, la charge revint sans contestation à son fils Yorimichi (頼通), mais il ne put assurer la régence à l'avènement de l'empereur Go-Sanjô car celui-ci était né d'une princesse impériale. Plus tard les fonctions de régence et de grand rapporteur, bien que toujours attribués, perdirent de plus en plus d'autorité réelle et tendit à n'être plus qu'honorifique. La prééminence de la maison des régents et des grand rapporteurs (sekkanke, 関家) sur la cour s'exerce principalement par le contrôle sur les rapports présentés à l'empereur et sur les ordres émis en son nom, sans qu'ils aient eu besoin, comme on le dit souvent à tort, d'utiliser des procédures anormales ou des substituer les ordres de leur maison à ceux de la cour.

Durant cette période l'activité de cour est essentiellement tournée vers l'accomplissement de rites nécessaires à la prospérité du pays et à la sauvegarde du rôle exemplaire de l'entourage du souverain. Les cérémonies religieuses sont multipliés par les aristocrates, surtout les bouddhiques, car on a cru entrer dans l'âge de la fin de la Loi (mappô shisô, 末法思想). Liés à ces considérations sur l'évolution de la Loi, le développement des croyances amidistes propagées par Kûya, et la grande vogue du bouddhisme ésotérique Tendai et Shingon.

Les institutions des codes se sont maintenues, mais au lieu de conserver leur caractère bureaucratique, s'étaient emprunts de liens personnels, de liens de clientèles, entre haut dignitaires et fonctionnaires de rangs divers. Les méthodes de promotion, de nomination et de traitement des paiement en furent bouleversés.

La cour se contenta de plus en plus de concéder les postes de gouverneurs de provinces responsables (zuryô, 受領), moyennant certains engagements pris par le gouverneur, et se désintéressa de toutes les procédures de contrôle, minutieuses et bureaucratiques.

Dès le milieu du Xème siècle, les notables locaux, issus de familles de fonctionnaires de la capitale obligés de venir en province pour trouver subsistance, ont suscité des troubles: ceux de Jôhei et Tengyô (平。天慶の乱), mais aussi la révolte de Taira no Tadatsune (の忠常) de 1028 à 1031, ainsi que les luttes du Nord de 1051 à 1062 (Zen kunen no eki, 前九年)puis de 1083 à 1087 (Go sannen no eki, 後三年).

Au XIème siècle, prirent de l'importance deux phénomènes : l'apparition des domaines et celui des groupements de guerriers (bushidan, 武士団). Le développement des domaines devait ruiner le fonctionnement fiscal des codes, sans pour autant, à ce stade, détruire les bases financières de la cour : il se fit largement grâce au système de la remise. Fin XIème, les exemptions et les immunités (fuyu fun'ya, 不輸不入) se sont multipliées et ont finit par concerner la moitié des terres. Les officiers domaniaux, aussi bien que les gouverneurs de provinces ont dès le Xème siècle organisé autour d'eux des groupes armés, première apparition de la catégorie des guerriers.

L'époque médiane de Heian,dite également des Fujiwara, vit l'âge d'or des lettres de l'époque ancienne et une brillante floraison artistique. Elle s'acheva quand les empereurs adultes prirent l'habitude de se retirer du pouvoir et entrer en religion, non sans exercer eux-même la régence auprès de l'empereur régnant, et de contrôler la Cour depuis leur cloitre.

L'époque finale est donc celle des gouvernements retirés (insei, 院政). avec l'arrivée de Go-Sanjô en 1068, la prépondérance des régents Fujiwara fut ébranlée, car cet empereur avait pour mère une princesse impériale et non une Fujiwara. Son fils Shirakawa tennô abdiqua en 1086 et pris le rôle de protecteur de son fils l'empereur régnant, rôle qu'il conservera sous plusieurs règnes durant 43 ans. Son petit-fils, Toba tennô tint le même rôle pendant 28 ans, puis Go-Shirakawa pendant 34 ans.

Ce type de gouvernement ne fut pas différent de celui des régents Fujiwara : il laisse se développer les domaines, essayant de s'assurer le plus grand nombre de droits domaniaux et s'appuya sur une clientèle de fonctionnaire moyens, gouverneurs de province, résidant et responsables, pour pouvoir toucher le plus facilement des revenus.

Les empereurs retirés prirent comme force armée celle du clan des Taira, représentée au XIIème siècle par Tadamori (平の) et Kiyomori (平の清盛), pour aider de tenir en échec les troupes des grands établissements religieux (Enryaku-ji 延暦寺et Kofuku-ji 興福寺 notamment).

À la mort de Toba-in, les rivalités entre maison impériale et Fujiwara donne naissance aux troubles de l'ère Hôgen (Hôgen no ran, 保元の乱), qui permit à Taira no Kiyomori et Minamoto no Yoshitomo (源の頼朝) de se distinguer.

Taira no Kiyomori chercha à consolider sa puissance à la cour, et essaya pour cela de devenir grand-père d'empereur, ce qu'il réussi avec Antoku tennô. Cependant, il s'attira l'hostilité des nobles de la cour, des établissements religieux et de la cour de l'empereur retiré Go-Shirakawa-in. Bien plus, son intrusion dans le monde de la cour a peut-être contribué à en détruire les délicats équilibres et l'image dans le pays.

L'initiative du prince Mochihito (以仁王) en 1180 demandant la destruction des Taira, la tentative manquée de Minamoto no Yorimasa (源の頼政), puis l'entreprise méthodique de Yoritomo (源の頼朝) à partir des provinces de l'est, aboutirent à la guerre dite « de Gempei » (Gempei no tatakai, 源平の戦) ou après cinq années de lutte, le clan Taira fut vaincu provoquant par là même la mort du très jeune empereur Antoku.

Ces guerres civiles marquèrent la chute du gouvernement de l'aristocratie civile des kuge et la naissance d'un nouveau régime, celui des guerriers, les buke ().

PDF Historia_Nipponica__poque_Heian_011208

       Bibliographie :

  • Maison du Japon à Paris, Dictionnaire historique du Japon, "Heian jidai", Maisonneuve et Larose, 1962-1995.
  • Maison du Japon à Paris, Dictionnaire historique du Japon, "Fujiwara jidai", Maisonneuve et Larose, 1962-1995.
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