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Historia Nipponica

4 mai 2009

Fonctions, grades, rangs ecclésiastiques et catégories monacales dans le bouddhisme japonais.

Chôri 長史.

Mot d'origine chinoise, de “ tchang-li ” qui désignait un fonctionnaire administrateur de rang élévé dans le gouvernement départemental.

Au Japon, le terme était réservé au langage de la communauté bouddhique. Le terme signifiait soit un moine patriarche (chôrô 長老) chargé de la direction des affaires générales concernant le monastère, soit la fonction même de ce moine. Ainsi certains grands monastères comme l'Enryaku-ji, l'Onjô-ji, étaient administrés par un chôri.



Sangô 三綱.

Les trois directeurs : les trois fonctions destinées à diriger et administrer les établissements religieux bouddhiques : Jôza (“ doyen d'âge ” 上座), jishu (“ directeur ”, 寺主), tsuina ou yuina (“ surveillant ”, 都維那).

Le doyen est celui des moines le plus vertueux et le plus savant, le directeur assume la charge de l'administration et l'organisation de la vie matérielle, le surveillant contrôle la discipline générale et les activités des moines. Ces fonctions apparurent dès le VIIème siècle au Japon (première mention de jishu dans le Nihonshoki en 645, et la mention de Sangô en 686).

la position du Sangô diminua quand les intendants monastiques furent créés (bettô, ). De plus, quand les surnuméraires furent nommés, le nombre des membre des Sangô augmenta et corrélativement leur prestige et leur rôle diminua.



Sôgô 僧綱.

Dignitaires ecclésiastiques. Sôgô, littéralement, la règle des moines, c'est à dire ceux qui sont chargés de maintenir la règle monastique. Ces dignitaires sont chargés de contrôler les établissements bouddhiques, à la fois la gestion économique et la règle monastique. Ceux-ci sont également chargés de communiquer avec l'administration centrale.

Au VIIème siècle, il y eut quelques nominations de dignitaire : en 624, le moine coréen Kanroku () fut nommé sôjô (), “ recteur monacal ” et au même moment un sôzu (僧都), “ préfet monacal ” est désigné.

A partir de la 12ème année du règne de Temmu Tennô, seuls des moines purent être investis de fonctions ecclésiastiques.

Les trois grades de 683 sont du plus élevé au plus bas, sôjô “ recteur monacal ”, sôzu “ préfet monacal ” et risshi (律師) “ maître en discipline ”.

Apparaitront des qualificatifs de “ majeur ” et de “ mineur ” pour chacun des postes. Au IXème, des surnuméraires (gon, ) furent créés pour tous les grades. De sept environ au début du IXème, ils seront plus de vingt  début XIème siècle.

Ces dignitaires nommés par la Cour doivent surveiller le clergé et transmettre les propositions de nomination. Leur fonction n'est pas liée à l'administration d' ”un temple en particulier, même si à l'époque Heian, la plupart des dignitaires étaient à la tête d'un temple de première importance.

Leur rôle en tant que collège de moine formant un rouage de l'État, chargé du contrôle des affaires bouddhiques, s'est estompé dès le XIème siècle, le grade devenant de plus en plus honorifique.



Sôjô 僧正

Recteur monacal, premier grade de la hiérarchie des dignitaires ecclésiastiques, chargé de rectifier ce qui n'est pas correct.

En 745, est créé le grade de recteur majeur (大僧正) dont le premier bénéficiaire est Gyôki (行基). Ce grade de recteur majeur ne fut jamais concédé qu'à une personne à la fois, à la différence des grades de “ recteur monacal mineur ” et de “ recteur monacal surnuméraire ” (gon no sôjô, 権の僧正), créé au IXème.

En 864, des rangs sont crées pour correspondre aux grades ecclésiastiques. Le recteur monacal devient le Hôin daikashô (“Grand révérend, Sceau de la Loi bouddhique”, 法印大和尚), le garant d'une transmission correcte.



Sôzu 僧都.

Préfet monacal, sôzu dans le sens de contrôle des moines. Grade intermédiaire entre le sôjô et le risshi (律師). S'écrit aussi 僧頭. Grade créé en 624 en même temps que celui de sôjô.

Au VIIème siècle, il y eut certainement d'autres nominations et la distinction entre grades majeur et mineur existait déjà. Au IXème siècle, des surnuméraires majeurs et mineurs apparaissent. Les préfets furent dotés du rang de Hôgen kashô (“ Révérend, Oeil de la Loi bouddhique ”, 法眠和尚).

Le règlement de l'ère Engi (Engishiki, 延喜式) assimile les préfets monacaux à des fonctionnaires du cinquième rang supérieur. Ils ont droit à une suite de novice (shami, 沙弥) et de jeunes garçons (dôji, 童子).



Risshi 律師.

Maître en discipline. Une des trois fonctions des dignitaires ecclésiastiques.

Dans la période ancienne, il désigne les moines ayant de grandes compétences dans le domaine des préceptes (kairitsu, 戒律).

A l'époque Nara, on distingue déjà les maîtres en discipline majeurs, mineurs et intermédiaires, qui disparaîtront à l'époque Heian, mais seront cependant remplacés en 826 par des risshi surnuméraires (gon no risshi, 権の律師). Les risshi passèrent donc de un au début puis à 6 en 786 et à 14 en 1086.

les gon no risshi seront 2 en 826, devinrent huit dès 864 puis treize en 987 et vingt en 1141.

Dentô dai-hôshi-i 伝灯大法師位.

Forme la plus élevée dans la hiérarchie des rangs ecclésiastiques (soi, 僧位), pour les moines cultivés et reconnus pour leur immense sagesse, science et vertu.

Cette hiérarchie est constituée en 760 (Tempyô Hôji, 天平宝字, 4), comprenant cinq rangs qui moins au plus élevé étaient :

  • le rang “ initial ” (dentô ju-i, 伝灯入位).

  • le rang “ station ” (dentô jû-i, 伝灯住位).

  • le rang “ complétion ” (dentô man-i, 伝灯満位).

  • le rang “ Maitre de la loi ” (dentô hôshi-i, 伝灯法師位).

  • le rang “ Grand maitre de la loi ” (dentô dai-hôshi-i,  伝灯大法師位).

Sous Kammu (784-806), un rang de plus est créé, “ absence de rang ” (dentô mu-i,伝灯無位), adjoint du dentô ju-i.

Ces rangs correspondent au rangs civils : le dentô dai hôshi-i est ainsi du 3ème rang, le dentô hôshi-i est du 4ème, etc... .

quand en 864 (Jôgan, 6), la hiérarchie des trois rangs ecclésiastiques, [“ Saint Pont de la Loi ” (Hokke shônin-i, 法橋上人位), de “ Maître, Oeil de le Loi ” (Hôgen wajô-i, 法眠和尚位) et de “ Grand Maître, Sceau de la Loi ” (Hôin dai-wajô-i, 法印大和尚位), par ordre croissant], fut placé au dessus de la première hiérarchie, cette dernière tomba en désuétude.


Soi 僧位.

Rangs accordés aux moines distingués par leur science, et/ou leur mérite. Il existait dès le VIIème et VIIIème siècle des “ ,shi-i ” ()mais pas au sein d'un système organisé comme le clergé bouddhique.

En 760, Ryoben, grand préfet monacal, demanda la création de rang pour le clergé, pour motif que du temps de la “ doctrine contrefaite ” (zôkyô, ), les moines devenaient négligeant et qu'il était nécessaire de motiver leur zèle par des récompenses. Ainsi furent proposés quatre rangs et treize échelons (les dentô).

Au IXème siècle, seuls les hôshi-i et les dai-hôshi-i semblent être encore concédés, mais l'étaient aussi bien à des dignitaires ecclésiastiques (sôgô) qu'à de simples moines savant ou très âgés.

En 864, les sôgô mécontent du système demandèrent une hiérarchie de rang réservée à eux seuls. Il y eut alors la création des trois rangs de l'ère Jôgan (Saint Pont de la Loi, Maître Oeil de la Loi, Grand Maitre Sceau de la Loi) pour respectivement le risshi, le sôzu et le sôjô. Mais des le XIème, les rangs surtout celui de Saint Pont de la Loi, semble être conférés à des moines non sôgô. On observe une banalisation des rangs, à tel point qu'ils furent parfois données à des tailleurs d'images bouddhiques (busshi, 仏師) ou à des peintres d'images bouddhiques (ebusshi, 絵仏師).



Dokushi 読師.

Moine chargé de la récitation des textes bouddhiques sur une estrade aménagée à cet effet où il fait vis à vis avec un autre moine qui, lui, lui commente (kôji, 講師) au cours de cérémonies (hoe, 法会).

Deuxième en importance après le kôji, parmi le groupe de sept moines (shichisô, ) chargés d'officier dans les dites cérémonies, choisi pour sa science et sa vertu. Avec la mise en place dès 741, de temple officiels de province (kokubun-ji, 国分寺), le gouvernement décida d(y envoyer, régulièrement à partir de 795, un kôji accompagné 'un dokushi, avec pour mission de les gérer. Le dokushi était nommé par le ministère des affaires suprêmes (Dajô kan, ) pour six ans et envoyés depuis la capitale. Ces dokushi là était à l'origine des moines des écoles bouddhiques de Nara, puis des écoles Tendai et Shingon uniquement à partir de 881.



Tandai 探題.

Dans l'époque ancienne, moine examinateur chargé de composer les sujets d'examens pour les moines aspirants aux grades ecclésiastiques. Il s'agissait de les faire disserter sur des problèmes relatifs aux textes classiques bouddhiques. Les Tandai en tant qu'examinateur, devait critiquer les résultats de l'argumentation.



Ajari 阿闍梨.

Se traduit par les divers sens de maître modèle (kihanshi, 師範軌), de conduite (shôgyô, 正行), le maître (kyôju, 教授), etc... Cela désigne celui qui enseigne les disciplines, corrige la conduite, qui est digne d'être leur modèle. Au japon, cela fait référence à tout bonze de haute vertu, et devint également un rang chez les bonzes. S'ajoutent d'autres dénomination en fonction de leur service, enseignement, de leur fonction, etc...



Dôshu 堂衆 ou dôshû.

Terme désignant un moine préposé à la garde d'un dô () , c'est à dire une “ chapelle ”, où se déroule le culte, ou “ pavillon ” de prédication, chargé des affaires religieuses courantes, de la routine cultuelle ou des besognes matérielles. Ce terme s'applique à des moines de catégorie inférieure résident dans un monastère par opposition au religieux proprement dit (gakuryo, 学侶) et d'autre part les semi-religieux (shuto, 衆徒) et aux laïcs (kokumin, 国民) employés sur les domaines (shoen, ) d'un temple. Ces moines peuvent être attachés à un dô et appelé également “ dôsô ” ().

Ils ont peut-être fait leur apparition vers le milieu de l'époque Heian. Les dôshu sont souvent issus des couches les plus basses de la population résident sur les shoen des temples. Ils ont constitués, à partir de la fin de l'époque Heian, quand les temples commencèrent à belligérer, le gros de la gent armée (sôhei, 僧兵) mobilisable de ceux-ci. Militairement fort, les dôshu commencèrent à disputer le pouvoir aux gakuryo souvent originaires de la noblesse et capable de leur résister.

Durant la guerre de Gempei, les deux partis s'affrontèrent avec virulence, notamment à l'Enryaku-ji, ce qui eut pour conséquence des répercussions politiques fortes.

Les dôshu, occupés aux basses besognes antérieurement, sont devenus de puissants moines guerriers (samurai hôshi, 法師).

« Les dôshu sont ou bien des jeunes domestiques qui étaient au service des gakushô (=gakuryo) et qui sont devenus moines (hôshi, 法師), ou bien des moines inférieurs (chûgen hôshi, 中間法師). Depuis l'époque où le recteur monacal Kakujin (僧正) qui habitait le Kongôju-in (金剛寿院), il dirigeait le monastère [de l'Enryaku-ji] comme [35ème] supérieur (zasu, 座主), ils prenaient tour à tour le service de garde au trois stûpa; on les appelait des « moines assemblés pour la retraite d'été » (geshu, 夏衆); ils faisaient des offrandes de fleurs au Bouddha. Dans ces derniers temps, ils ont, en leur qualité de moine (gyônin, 行人), usé du prestige de Sammon pour quémander le riz des offrandes, ou des choses rares. Ils forcent la main [des donateurs] en se prévalent de nom imposants et dépassant toutes les limites permises. Ils ignorent la communauté; contrairement aux ordres supérieurs ».

Gempei seisuiki 源平盛衰記 (2ème moitié du XIIème siècle).

Gakuryo 学侶 (mont Hiei : gakushô, 学生).

Désigne ceux qui dans une communauté monastique, se consacrent à l'étude de la dogmatique, par opposition à ceux qui s'occupent des rites et des affaires religieuses courantes, appelés dôshu.

Au mont Koya 高野山 la communauté de moine était divisées en trois factions (kata, ) : les gakushô, les gyônin (=dôshu), et les hijiri (litt. ermites, ). La rivalité entre gakuryo et dôshu y fut beaucoup plus forte n'importe où ailleurs. La formation des gakuryo au Koya-san remonte à 1130 (Daiji, 大治, 5), lorsqu'il y fut installé 36 gakuryo et un recteur (gakutô, ) à leur tête.



Gyônin 行人.

Sorte de convers dont la fonction et semble avoir été créée en 1130, portant à l'origine des noms divers tels que jôji, geshu (夏衆), hanatsunami (花摘). ce sont des moines de bas rangs servant les gakuryo et s'acquittant de diverses tâches : offrandes de fleurs au Bouddha, ouverture et fermeture de portes, etc... . Leur fonction s'étendit bientôt à la trésorerie, l'administration et l'entretien du monastère et de son domaine.

Une scission dans leur groupe permit la création des hijiri, « saints ».

les gyônin, eux, se répartirent en six classes principales : dai-hôshi (大法印), nyûji (入寺), kujû (久住), yamagomori (山籠), hombustsu (本仏), et shôi (正位). parmi eux nombreux étaient les ascètes pratiquant le shûgendô.

Plus leur pouvoir augmentait plus leur caractère de moine guerrier s'affirmait, dès la fin de l'époque Heian, utilisant la force dans les affaires les opposant aux autres moines.



Zaike 在家.

Littéralement, celui « résidant dans sa famille [maison] », laïc.

Dans le bouddhisme, désigne celui qui a pris refuge, kie (帰依) dans la loi du Bouddha tout en restant dans sa famille et conservant ses obligations sociales. Dans cette acceptation, il répond à shukke (littéralement « sorti de sa maison », moine, 出家).



Hijiri .

Désigne un moine de haute vertu. Désigne dès le milieu de l'époque Heian, un moine rattaché à un ermitage (comme le shônin), s'adonnant à des pratiques (gangyô, ) au plus profond des montagnes, ainsi que des ascètes en pérégrination, séparés des sectes et écoles constituées.

PDF :

Historia_Nipponica_Fonctions__grades___rangs_eccl_siastiques_et_cat_gories_monacales_dans_le_bouddhisme_japonais_040509

Bibliographie:

  • Maison franco-japonaise, Dictionnaire historique du Japon, article "Chôri", Maisonneuve et Larose, 1962-1994.
  • Maison franco-japonaise, Dictionnaire historique du Japon, article "Sangô", Maisonneuve et Larose, 1962-1994.
  • Maison franco-japonaise, Dictionnaire historique du Japon, article "Sôgô", Maisonneuve et Larose, 1962-1994.
  • Maison franco-japonaise, Dictionnaire historique du Japon, article "Sôjô", Maisonneuve et Larose, 1962-1994.
  • Maison franco-japonaise, Dictionnaire historique du Japon, article "Sôzu", Maisonneuve et Larose, 1962-1994.
  • Maison franco-japonaise, Dictionnaire historique du Japon, article "Risshi", Maisonneuve et Larose, 1962-1994.
  • Maison franco-japonaise, Dictionnaire historique du Japon, article "Sôi", Maisonneuve et Larose, 1962-1994.
  • Maison franco-japonaise, Dictionnaire historique du Japon, article "Dokushi", Maisonneuve et Larose, 1962-1994.
  • Maison franco-japonaise, Dictionnaire historique du Japon, article "Tandai", Maisonneuve et Larose, 1962-1994.
  • Maison franco-japonaise, Dictionnaire historique du Japon, article "Ajari", Maisonneuve et Larose, 1962-1994.
  • Maison franco-japonaise, Dictionnaire historique du Japon, article "Dôshu", Maisonneuve et Larose, 1962-1994.
  • Maison franco-japonaise, Dictionnaire historique du Japon, article "Gakuryo", Maisonneuve et Larose, 1962-1994.
  • Maison franco-japonaise, Dictionnaire historique du Japon, article "Gyônin", Maisonneuve et Larose, 1962-1994.
  • Maison franco-japonaise, Dictionnaire historique du Japon, article "Zaike", Maisonneuve et Larose, 1962-1994.
  • Maison franco-japonaise, Dictionnaire historique du Japon, article "Hijiri", Maisonneuve et Larose, 1962-1994.
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19 avril 2009

Le Kojiki - 古事記 - Introduction (1/4)

     Ce « récit des choses anciennes » est la plus ancienne des œuvres littéraires et historiographiques connues du Japon.

     Il est l'aboutissement des recherches et de la compilation du toneri (舎人), c'est à dire le garde, Hieda no Are (稗田之阿乱). À la demande de l'empereur Temmu (天武天皇), il étudia deux récits dont plus anciens dont il ne nous est rien parvenu, le Teiki (帝記) et le Kyûji (旧辞). Le Teiki, rédigé en chinois, comprenait sans doute les chroniques impériales, c'est à dire la liste des empereurs, de leurs palais, de leurs épouses et descendances, les événements notables de leurs règnes, la date de leur mort ainsi que l'emplacement de leur tombe. Le Kyûji, à l'inverse, rapportait en japonais les mythes et les traditions orales de manière romancés. Il étudia également sur place les contes de chaque province, transmises oralement par des conteurs, des ménestrels, les « kataribe » (, 語部 [de kataru  : raconter et de be : tribu]). La tâche de Hieda no Are fut interrompue par la mort de Temmu tennō en 686 après 13 ans de règne. Geimmei  tennō (元明天皇), impératrice de 705 à 715, poursuivit l'œuvre de Temmu  tennō et chargea Ō no Yasumaro (太之安万侶), de mettre en forme les fruits de la recherche de Hieda no Are.  Ō no Yasumaro finit son travail en quatre mois et demi et présenta à l'impératrice la « Chronique des faits anciennes », le Kojiki (古事記), le premier mois de l'an 5 de l'ère Wadō, soit le 28 janvier 712 selon le comput chrétien.

     Le Kojiki ne connu pas un grand succès. On lui préféra le Nihonshoki (日本書紀), les « Chroniques du Japon », remis huit ans après le Kojiki. Beaucoup plus long que le Kojiki, il raconte en trente volumes les mêmes histoires que le Kojiki, en proposant plusieurs versions d'un même conte. Le Nihonshoki est là pour palier aux lacunes du Kojiki, et pour publier un ouvrage d'histoire sur le modèle des histoires dynastiques chinoises. Le Kojiki sera oublié jusqu'à l'époque Edo. La plus ancienne copie connue est celle du Shimpuku-ji (真福寺) datant de 1371, alors que l'on a des copies du  début de l'époque Heian pour le Nihonshoki. les études du Nihonshoki s'étalent donc plus dans le temps. La plus ancienne étude du Kojiki est le Kojiki Uragaki (古事記裏儀) de Urabe Kanefumi () paru en 1273. Il faut attendre la fin du XVIIIème siècle pour que paraisse une étude sérieuse du Kojiki. Motoori Norinaga (本居宣長) est toujours considéré comme le plus grand chercheur sur le Kojiki. Il commence son Kojiki-den (古事記伝) en 1764 et met 34 ans pour écrire les quarante-quatre volumes constituant son œuvre. Cette étude donne pour chaque histoire et légende les différentes versions et pour chaque terme  la façon de le lire et de l'interpréter. Beaucoup d'historiens de l'époque contemporaine, comme Tsuda Sôkochi (津田左右吉) qui réinterpréta le Kojiki avec toutes les méthodes raisonnée de l'histoire contemporaine, ainsi que tant d'autres érudits et scientifiques, se sont attelés à étudier cet ouvrage si singulier de la littérature japonaise.

     En quoi le Kojiki est -il important pour l'étude de la civilisation du Japon ancien ?

     Il sera avant tout question du contenu détaillé du Kojiki, livre par livre, du livre de la cosmogonie, à celui des temps historiques en passant par celui des temps héroïques. La seconde partie portera sur les critiques, bonnes ou mauvaises, à appliquer à cette sources ainsi que sont intérêt historique.

6 février 2009

Japon éléments de géographie.

     Parce que l'histoire ne peut être appréhendée sans l'étude de la géographie du lieu de l'action, voici un article sur le territoire du Japon, sa géographie physique. suivra un article sur la géographie humaine du Japon, avec une perspective historique, sinon depuis l'époque contemporaine.

carte_g_o_physique_Japon_Cor_e
Carte I - Géographie physique du Japon, géoportail.

     Arc insulaire, le Japon est constitué de 4 000 îles environs, dont 4 dominent, couvrant 95% du territoire à elles seules, soit 378 000 km². Hokkaidô, l'île la plus septentrionale (vers le nord jusqu'au 20ème parallèle nord), représente 79 000 km² . Kyûshû, l'île la plus méridionale (vers le Sud, jusqu'au 46ème parallèle nord), mesure 36 000 km². Shikoku, la plus petite de ces îles, mesure 18 000 km², tandis que l'imposante île principale de Honshû mesure 227 000 km².

 

     Véritable chaine de montagne dans la mer, le Japon est couvert à 71% de montagne, ne laissant que 25% pour les plaines (hautes et basses à parts égales). un cinquième du territoire seulement est habitable soit 80 500 km² et la grande plaine du Kantô (région de Tôkyô) ne dépasse pas les 15 000 km². Si l'Archipel est si montagneux, c'est qu'il a subit un volcanisme actif ou récent. le Fuji-san (富士山), l'emblématique sommet du Japon de 3776 m est un volcan conoïde dont la dernière éruption eut lieu en 1709 et qui depius sommeille. Outre le mont Fuji, la partie centrale du Honshû est traversée de trois chaines de montagnes (les monts Hida, Kiso et Akaishi), appelées "Alpes japonaises" dont les sommets ne dépasse pas 3000 m. Mises à part ces chaines de montagnes, les sommets de plus de 2000 m sont rare. Cependant leurs flancs sont très abruptes, excepté pour quelques vieux massifs montagneux, comme celui du Chûgoku (中国, à l'extrémité ouest du Honshû).

 

     De part son étirement du 20ème au 46ème parallèle nord, le Japon bénéficie d'une grande variété de climats. des climats tranchés qui se voient depuis l'archipel des Ryûkyû au climat subtropical, à l'île d'Hokkaidô au climat tempéré froid. le Japon, archipel, vois ses 33 000 km de littoral parcouru par des courants marins chauds ou froids qui adoucissent ou réchauffent les effets du climat (cf Carte - II Relief et Climat).

 

     Le climat japonais est caractérisé par l'alternance saisonnière des vents. en Hiver des vents froids sibériens ammène sur le versant japonais de la mer du Japon, le Japon de l'Envers (Ura Nihon, 裏日本), d'importantes chutes de neige. Au même moment, par la barrière formée par les chaines montagneuses, le Japon de la côte pacifique, le Japon de l'Endroit (Omote Nihon, 表日本), passe des hivers secs et ensoleillés. A l'inverse à la fin du printemps, les masses d'air tropicales maritimes provoquent en montant vers le nord d'abondantes pluies de mousson (baiu, ) sur Tôkyô à la fin de juin et au début de juillet. quand ces masses d'air redescendent à la fin de l'été, elles provoquent un recrudescence des pluies. La région du Kantô subit donc des saisons contrastées, avec des pluies abondantes mais concentrées, avec des températures estivales élevées (26,7° à Tôkyô en août).

Bibliographie :

  • BERQUE, Augustin, "Un archipel montagneux aux multiples climats", in SABOURET, Jean-François (ss. la dir.), Japon, peuple et civilisation, La Découverte, Paris, 2004.
  • BERQUE, Augustin, "Une nature violente", in SABOURET, Jean-François (ss. la dir.), Japon, peuple et civilisation, La Découverte, Paris, 2004.
11 décembre 2008

[Exposition:] L'estampe japonaise à la BNF

    
     "Vivre uniquement le moment présent, se livrer tout entier à la contemplation de la lune, de la neige, de la fleur de cerisier et de la feuille d’érable… ne pas se laisser abattre par la pauvreté et ne pas la laisser transparaître sur son visage, mais dériver comme une calebasse sur la rivière, c’est ce qui s’appelle
ukiyo".

    
Kitagawa_Utamaro__Takashima_Ohisa__vers_1793__BnFLa Bibliothèque Nationale propose sur le site Richelieu, du 18 novembre 2008 au 15 janvier 2009, une exposition sur l'Ukiyo-e qui connu son apogée au XVIIIe et dans la première moitié du XIXe siècle.
     A son apparition à la fin du XVIIème siècle, les estampes, appelées ukiyo-e, évoque tout d'abord l'impermanence des choses et du monde sensible, pensée à forte connotation bouddhique. Le monde contemporain, ses pensée, angoisses et inquiétudes sont les piliers des compositions d'ukiyo-e, ces "images d'un monde flottant", "flottant" par opposition au monde sacré immuable. Le quartier de plaisir d'Edo , dit de Yoshiwara et d'autres lieux de libertinage comme le quartier des théatres sont également des sujets très prisés.
      Cette culture d'essence urbaine prend sa source dans la réaction des milieux bourgeois, qui se sentent exclus de la culture de cour. il créent leurs propres références culturelles, développent un goût artistique propre et ses moyens de divertissements spécifiques.
      Le succès de l'ukiyo-e tient au fait qu'avant d'être une image de papier, l'estampe, comme son nom l'indique, est une image gravée dans le bois, permettant de la diffuser plus largement.

   I-Un support de publicité

       A)Le théatre Kabuki
       B)Les kimonos
       C)Le sumô
   II-Un motif éducatif
       A)diffusion des classiques littéraires
       Ble Shunga

Liens : site de l'exposition par la BnF

Voir également :

  • SHIMIZU, Christine, L'art Japonais, Tout l'art Histoire, Flammarion, Paris 2008
  • FRESNEAU, Estelle, "Soleil levant en mayenne, les collections d'estampes japonaises du musée de Laval", in 303, Arts Recherches et Créations, décembre 2005.
8 décembre 2008

Saichô 最澄 767-822

     Moine du début de l'époque Heian et fondateur de l'école Tendai. Saichô est originaire de la province d'Ômi et membre du clan Mitsu (三津氏) qu'une tradition rattachait à la lignée impériale chinoise.

     Il commence son étude du bouddhisme auprès du moine Gyôhyô (行表, 724-797) du Daian-ji (大安) qui l'initia aux doctrines du Yuishiki et du Tendai. Il reçut les commandements en 785 au Tôdai-ji qu'il quitta peu de temps après la même année pour se bâtir un ermitage au mont Hiei (比叡山), ou il se consacra à la pratique religieuse et à l'approfondissement de la doctrine Tendai. En 788, son ermitage devient l'Ichijô shikan in (一乗止観院). Il est nommé en 797 chapelain impérial (naigubu, 内供奉) et institue l'année suivante les exposés rituels sur le sûtra du Lotus (Hokke-kyô, 法華経) qui deviendra une cérémonie importante du Tendai. En 802 il expose les Trois Grands Traités du Tendai (Tendai sandaibu,天台三大部) au Takaosan-ji (高雄) de Kyôto, temple du clan Wake (和気氏) dont il devient le protégé. C'est grâce à la recommandation de Wake no Hiroyo (和気の広世) qu'il parti pour la Chine pour étudier en profondeur la doctrine du Tendai, apprise et transmise de façon peu satisfaisante au Japon. Il intègre pour cela une mission diplomatique japonaise (Ken tôshi, 遣唐唐) débarquant fin 804 en Chine.

     Il se rend auprès des principaux religieux du Tendai chinois, Daosui (jap. Dôsui, 道邃) disciple de Zhanran (jap. Tannen, 湛然) et septième patriarche de l'école. Il se rend également sur la tombe du fondateur de l'école au VIème Zhiyi (jap. Chigi, 智顗) sur le mont Tiantai. Il s'initie à l'ésotérisme. Début 805, il reçoit le commandement parfait (Endon-kai, 円崸戒) des mains de Dôsui. Il peu ainsi se prévaloir du en-mitsu-zen-ritsu (円密禅律).

     Le prestige du voyage en Chine lui permit de faire reconnaître l'école Tendai comme l'école indépendante en obtenant de pouvoir ordonner deux moines dans le Tendai.

     807 est pour Saichô une période de stagnation : son protecteur l'empereur Kammu (桓武天皇) est mort et l'empereur Saga (嵯峨天皇) lui succède, Kukai (空海) est rentré de Chine. Saichô s'active alors à la diffusion et à l'implantation du Tendai au Japon, tandis que ses rapports avec Kukai allaient en se détériorant.

     Il voyage jusqu'en 816 puis rentre au mont Hiei et partage son activité entre les controverses doctrinales et les démarches en vue d'obtenir la reconnaissance officielle d'une estrade d'ordination (kaidan, ) pour le Tendai, indépendant des monastères de Nara.

     Du point de vue doctrinal, il s'opposa essentiellement au religieux Tokuitsu (徳一) de l'école Hossô (法相) qui conteste les vues du Tendai sur la présence universelle de la nature de Bouddha chez les êtres.

     Saichô écrivit également dans le domaine de la discipline monastique et la spécificité du Tendai dans ce domaine : dans le Sange gakushô shiki (le formulaire des clercs du Tendai, 山家学生式) en 818 (Kônin [弘仁], 9), Saichô prône la supériorité des commandements de bodhisattvas du Véhicule Unique (ichijô bosatsu kai, 一乗菩薩戒) sur les commandements anciens et réclame un centre d'ordination indépendant pour les moines du Tendai. Dans le Kenkai-ron (戒論) ou “ traité de la manifestation du commandement ”, Saichô critique les conceptions anciennes de la discipline monastique défendue par les écoles de Nara.

     La cour hésita à accorder à Saichô son estrade d'ordination indépendante au mont Hiei, devant la pression des groupes de Nara.

     Saichô meurt en 822 (Kônin [弘仁], 13) et son estrade d'ordination est accordée une semaine après sa mort. En 827, le Kaidan-in (“ pavillon des ordinations ”, 戒壇) est inauguré.

     En 866 (Jôgan, 8) est conféré à Saichô le titre posthume de “ grand propagateur de la doctrine ” (Dengyô Daishi, 伝教大師).

     Bibliographie :

  • Maison franco-japonaise, Dictionnaire historique du Japon, "Saichô", Maisonneuve et Larose, 1961-1995.
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8 décembre 2008

Guerre de Geimpei

Les rivalités des familles de cour utilisant leur bushi pour régler leur comptes ont amener ces derniers dans une compétition pour les honneurs. La jalousie du Minamoto à l'encontre du Taira déboucha sur les troubles de l'ère Heiji de l'an 1160 et qui joua un rôle décisif dans l'effondrement de la noblesse et la montée au pouvoir de la classe guerrière. Kiyomori s'était habilement élevé dans la hiérarchie en s'alliant avec Fujiwara no Michinori (藤原の通憲) proche de l'empereur retiré Go-Shirakawa-in. Minamoto no Yoshitomo qui lui aussi s'était montré vaillant au point de se dresser contre d'autres membres de son clan, fut bien moins récompensé. Il s'allia alors avec un parti de mécontent dont Fujiwara no Nobuyori (藤原の信頼) qui briguait la place de général des garde du corps (konoe no taishô, 近衛の大将) occupée par Michinori. C'est l'antagonisme entre ces deux « partis » qui déclencha les troubles. Janvier 1160, profitant d'un pèlerinage de Kiyomori à Kumano (kumano môde, 熊野詣), Yoshitomo et Nobuyori pour lever des troupes et attaquèrent la résidence de l'empereur retiré qu'ils menèrent au palais impérial et incendièrent la maison de Michinori. Ce dernier s'enfuit en direction de la province de Yamato mais se suicida en chemin. Une fois au palais, Nobuyori présida une séance de nomination ou il se décerna le titre de général des gardes du corps, et Yoshitomo reçu en gestion la province de Harima. Kiyomori, averti, rentra en toute hâte à la capitale. Quelques jours plus tard, de nuit, il recueilli l'empereur dans sa résidence de Rokuhara puis le fit transférer au Ninna-ji. Ayant reçut l'ordre de châtier les deux séditieux, il envoya contre le palais impérial son fils Shigemori et son frère Yorimori qui écrasèrent Nobuyori à Rokujôgawara. Nobuyori s'enfuit à la cour de l'empereur cloitré pour y trouver refuge, mais il est arrêté et exécuté. Yoritomo fut défait lors de son attaque sur Rokuhara et s'enfuit en direction des provinces de l'est. À Owari chez un vassal auprès duquel il pensait pouvoir trouver appui, il fut assassiné et son fils Yoshihira (義平) connu le même sort. Seul Yoritomo fut envoyé en exil, à Izu (伊豆). la puissance de la famille Taira pesait dès lors sur la noblesse et toutes les forces capables de résister à Kiyomori avait disparu. Kiyomori s'assura de sa position prééminente à la cour tout en restant le chef d'une famille de guerriers aux ramifications nombreuses.

Taira no Kiyomori chercha à consolider sa puissance à la cour, et essaya pour cela de devenir grand-père d'empereur, ce qu'il réussi avec Antoku tennô. Cependant, il s'attira l'hostilité des nobles de la cour, des établissements religieux et de la cour de l'empereur retiré Go-Shirakawa-in. Bien plus, son intrusion dans le monde de la cour a peut-être contribué à en détruire les délicats équilibres et l'image dans le pays.

L'initiative du prince Mochihito (以仁王) en 1180 demandant la destruction des Taira, la tentative manquée de Minamoto no Yorimasa (の頼政), puis l'entreprise méthodique de Yoritomo (源の頼朝) à partir des provinces de l'est, aboutirent à la guerre dite « de Gempei » (Gempei no tatakai, 源平の戦) ou après cinq années de lutte, le clan Taira fut vaincu provoquant par là même la mort du très jeune empereur Antoku.

Les conflits de cette guerre sont marqués par les troubles de l'ère Heiji de 1160 et par une guerre continue depuis l'an 4 de Jishô (治承) jusqu'à l'an 1 de Bunji (文治), c'est à dire de 1180 à 1185.

les rivalités entre aristocrates civil des kuge (), qui pour régler leurs différents ont fait appel aux clans de guerriers, sont la première cause de cette guerre. Au sommet des guerriers, les Minamoto et et les Taira. Ces deux clans réalisèrent alors la force dont ils pouvaient disposer et qu'ils pouvaient devenir autre chose que des jouets entre les mains de l'aristocratie de Cour. Les Taira avaient réussi à s'approprier le monopole du service auprès de la Cour en évinçant les Minamoto lors des troubles de l'ère Heiji. Les Taira avaient également pris soin de consolider leur pouvoir à la Cour et d'étendre leur influence en particulier sur les provinces de l'Ouest. La guerre de Gempei fut quant à elle bien plus que de simples escarmouches proche ou dans Kyôto. Ils s'agissait en effet d'un véritable choc entre l'aristocratie de Cour dont les Taira représentaient la force militaire et la classe entière des guerriers menée par le clan Minamoto. La guerre s'y étendit de Kyûshû jusqu'au Kantô.

En avril 1180, le prince Mochihito donne l'ordre d'éliminer les Taira. Minamoto no Yorimasa le suit pour soutenir ses prétentions au trône. Il chercha à s'adjoindre l'aide de ceux de son clan, mais découvert, il est encerclé par une troupe de guerriers des Taira à Uji (宇治). Yorimasa se suicida dans le Byôdô-in (平等院), tandis que le prince Mochihito était abattu d'une flèche pendant sa fuite.

À l'été 1180, Minamoto no Yoritomo réfugié en Izu, se soulève en faveur du prince Mochihito après avoir vaincu une force Taira, Yoritomo perd la bataille du Mont Ishibashi (Ishibashi yama no tatakai, 橋山) où il avait rejoint des partisans et établit son campement. Il y fut attaqué par Ôba Kagechika envoyé par Kiyomori pour le battre. Yoritomo fut contraint de s'enfuir par mer dans la province d'Awa (安房国) tandis que ses partisans ralliaient le Kantô. Pendant ce temps, Yoshinaka, un cousin de Yoritomo, répond à l'appel du prince Mochihito et lève des troupes dans la province de Shinano (信濃国).

Ayant reconstitué ses forces, Yoritomo chercha de nouveaux à marcher sur l'Ouest. Taira no Koremori (維盛), général en chef du clan Taira, se porta sa rencontre. Les deux armées se retrouvent face à face, de par et d'autre de la rivière Fuji (富士川), prêt pour la bataille (富士川). pendant la nuit, Takeda no Nobuyoshi, un allié de Yoritomo, chercha à contourner le camp des Taira, s'enfonça dans des marécages avec ses hommes et surprit par inadvertance des dizaines de poules d'eau qui s'envolèrent affolées. Les guerriers Taira, prenant les cris des volatiles pour une clameur de soldats ennemis, furent pris de panique et s'enfuirent. Koremori dût rentrer à Kyôto en catastrophe. Yoritomo quant à lui ne chercha pas à exploiter sa victoire et préféra rentrer à Kamakura pour consolider les bases de son autorité dans l'Est.

En septembre 1181, Yoshinaka envahit la province d'Echigo et prend la route de la capitale en longeant la route du Hokurikudô (北陸道).

Les famines de l'année 1186, provoqué par l'état de siège et les passages de troupes provoquent un armistice virtuel entre les deux partis.

En mai 1183 (Jûei 寿永, 2), Taira no Koremori à la tête de dit-on cent mille guerriers, marche contre Yoshinaka. Les deux armées se rencontrent au Mont Tonami qui sépare les provinces de Kaga (加賀国) et d'Etchû (越中国). Yoshinaka, profita de la nuit, et, faisant pousser devant ses guerriers des troupeaux de boeufs en direction du camp ennemi, il attaqua les Taira à l'improviste. Ceux-ci surpris en pleine nuit et bousculés par les bêtes, dévalèrent, hommes et chevaux pêle-mêle, dans une indescriptibles pagaille, les pentes de la montagnes vers la passe de Kurikara. La victoire de Yoshinaka était complète. Il marcha sur Kyôto, installa ses quartiers au Mont Hiei en juillet 1183 et fit occuper la ville.

Avant l'arrivée de Yoshinaka, le clan Taira, dont Munemori (宗盛) était le chef depuis la mort de Kiyomori en février 1181, avait pris la décision vers juin de 1183 de se retirer avec le jeune empereur Antoku dans les provinces de l'Ouest ou le clan avait de solides appuis.

Allant d'erreur politique en erreur, Yoshinaka finit par se mettre l'aristocratie de Cour à dos par le manque de souplesse et l'arrogance dont il faisait preuve à leur encontre. L'empereur retiré Go-Shirakawa-hôô se heurta avec lui notamment au sujet des pillages de la capitale par les vassaux de Yoshinaka et autorisé par lui sous prétexte d'un manque de ravitaillement. Go-Shirakawa-hôô demanda ainsi officiellement à Minamoto no Yoritomo d'anéantir son cousin. Yoritomo dépêcha ses jeunes frères Noriyori (範頼) et Yoshitsune (の義経) pour attaquer Yoshinaka. En janvier 1184, (Jûei, 3), la bataille eu lieu su les bords de la rivière Uji (宇治川). Yoshinaka fut vaincu et dut s'enfuir. Il fut de nouveau vaincu et cette fois tué à la bataille d'Awazu (     ) dans la province d'Ômi (近江国).

Les Taira profitèrent des guerres faisant rage au sein des Minamoto pour reconstituer leurs forces à Fukuhara (福原) avec laquelle ils pensaient reprendre la capitale. C'est pourquoi les généraux minamoto, Noriyori et Yoshitsune, se décidèrent à aller au devant des Taira. En février 1184, Yoshitsune fit attaquer le camp Taira d'Ichinotani par le côté ouest tandis que lui-même attaquait de l'autre côté avec une poignée de combattant. Se voyant attaqués de toutes parts, coincés entre mer et montagne, les Taira ne purent déployer leurs troupes qui s'enfuirent vers des bateaux pour embarquer. Les Taira perdirent dans cette bataille d'Ichinotani (Ichinotani no tatakai, 一ノ谷) leurs principaux généraux, capturés ou tués.

Les Taira survivant se réfugièrent par delà la Mer Intérieure (Seto naikai, 瀬戸内海), à Yashima (屋島) en Sanuki (讃岐国) sur l'île de Shikoku (四国). Noriyori longea le San'yôdô (三陽道) le long de la Mer Intérieure, mais se retrouva vite en mauvaise posture, entre le reste des Taira établis à Hikoshima (彦島) et ceux réfugiés à Yashima. Le moral des Minamoto commençait à faiblir, et chacun sentant le vent de la défaite. En février 1185 Yoshitsune prend sans consulter Yoritomo la décision de faire passer des troupes de l'autre côté de la mer dans la province d'Awa. Les Taira, surestimant les forces minamoto, fuirent vers le détroit de Shimonoseki (下関) avec le jeune empereur Antoku, abandonnant leur base de Yashima aux mains de Yoshitsune.

Le dernier point de résistance des Taira était situé dans le détroit de Shimonoseki, sur l'île de Hikishima. Cet endroit stratégique permet de contrôler le passage entre le Kyûshû, le Chûgoku et la Mer Intérieure. Les Taira choisirent de combattre les Minamoto sur le côté est du détroit à Dan no Ura (浦の戦い), pensant qu'une une bataille navale leur donnerait l'avantage sur les Minamoto moins expérimentés dans ce domaine. En 1185, les deux flottes s'affrontèrent dans un lieu où la marée est traitre et rapide. Celle-ci fut favorable aux Taira dans la première moitié de la bataille, mais changea de camp en faveur des Minamoto. Perdant tout courage, nombre de Taira se suicidèrent en se jetant à la mer. La veuve de Kiyomori, Nii no Ama, pris son petit-fils l'empereur Antoku dans ses bras et se jeta dans les flots. Munemori fut capturé et exécuté peu après dans la province d'Ômi. Les Minamoto restèrent les seuls en représentants de la classe guerrière.

Bibliographie :

  • SAMSON, George, Histoire du Japon, Fayard, 1988.
  • Maison franco-japonaise, Dictionnaire historique du Japon, "Gempei no tatakai", Maisonneuve et Larose, 1961-1995.
  • SOUYRI, Pierre-François, Le monde à l'envers : la dynamique de la société médiévale, Maisonneuve et Larose, 1989.
3 décembre 2008

L'école Tendai, Tendai-shû, 天台 宗

Forme japonaise qu'a prise l'école du bouddhisme mahâyânique chinoise Tiantai 天台宗 fondée par le religieux de la dynastie Sui (, jap. Zui) Zhiyi (智顗, jap. Chigi, 538-597).

l'école fut fondée au Japon par Saichô (最澄; 767-822) qui s'était rendu en Chine en 804 pour rapporter les doctrines l'année suivante. Le Tendai acquière vite une indépendance vis à vis des six anciennes écoles bouddhiques de Nara (南都六, Nantô-riku-shô) et la reconnaissance de centre d'ordination du Grand Véhicule (大乗戒壇, daijô kaidan), un an après la mort de Saichô en 822.

Le Tendai admet l'étude de tous les sûtra, la dévotion envers tous les bodhisattvas, la pratique des oeuvres, mais a vite une prédilection pour le sûtra du Lotus (Hokke-kyô, Saddharmapundarîka sûtra), le Bouddha Amida (Amitâbha) et l'invocation de son nom.

Face à la montée du bouddhisme ésotérique, dans l'aristocratie de Heian, le Tendai s'imprégna de tantrisme, élaborant le courant ésotérique de l'école, le Taimitsu (). Cet accent mis sur l'ésotérisme fit passer nombre de ses membre pour de puissants magiciens. Ennin (円仁), disciple de Saichô et Enchin (円珍), disciple de Gishin (義真, 781-853), qui étudièrent tous deux en Chine rapportèrent des enseignements ésotériques; leurs lignées entrèrent dans un conflit ouvert qui se solda par la séparation géographique en 993: celle d'Ennin resta à l'Enryaku-ji (la branche de la montagne, Sammon-ha, 山門派), celle d'Enchin partit pour l'Onjô-ji (la branche du temple, Jimon-ha, 寺門派). Les deux écoles rivalisent en accentuant les rituels ésotériques, en entretenant des liens étroits avec la cour. Fin Heian, les religieux issus de l'école mais mécontents de cet état des choses se lancèrent dans de nouveaux mouvements religieux qui écloront pleinement dans le bouddhisme réformé de Kamakura.

Le centre de l'école fut l'Enryaku-ji (延暦寺) situé sur le mont Hiei (比叡山) au nord-est de Kyôto. Fondé dès 785 quand Saichô s'y installa pour méditer, ce n'était alors qu'un petit ermitage. En 788 il édifia une chapelle consacré au bouddha Baişajyaguro (藥師如来, Yakushi Nyorai).le Hieizan-ji qui deviendra l'Ichijô-shikan-in (一乗止観院). Le nom d'Enryaku-ji (monastère de l'ère Enryaku) lui a été conféré par décret impérial en 823 (Kônin[弘仁], an 14). au retour de Saichô en 805, qui en fait le siège de la nouvelle école, le temple jouit des faveurs des empereurs successifs de Heian. Il devient le “ monastère protecteur de l'État ”, se situant au nord-est , direction dite porte des démons (ou porte taboué, Kimon, []) par rapport à la capitale, la protégeant des influences maléfiques. En 827, est accordée à l'Enryaku-ji une estrade d'ordination indépendante de celle du Tôdai-ji (東大寺) de Nara. Le monastère est prospère durant toute l'époque Heian, particulièrement du temps du 18ème patriarche (zasu,座主), Ryôgen (良源, 912-985), où il comptait plus de 3000 demeures monastiques et pavillons. Il entretenait une redoutable armée de sôhei et de religieux de catégorie inférieure (dôshu, 堂衆) qui se s'est rendue trop justement célèbre par les nombreuses incursions qu'elle fit dans la région de la capitale. L'Enryaku-ji offrait l'aspect d'un véritable état dans l'état. En 993, les moines disciples d'Enchin quittèrent le monastère pour celui de l'Onjô-ji (園城寺), dès lors appelé Jimon (義真) et l'Enryaku-ji appelé Sammon (山門) dans lequel restèrent les partisans d'Ennin. Cette scission dans le Tendai marqua le début du conflit qui alla souvent jusqu'à l'affrontement armé. L'Enryaku-ji était un de plus grands centres d'étude dont la vocation était d'enseigner outre les doctrines du Tendai proprement dite (engyô, 円教, doctrine parfaite), celle de l'ésotérisme (mikkyô, 密教), le Dhyâna (zen, ) et le le code disciplinaire (kairitsu, 戒律) (en-mitsu-zen-ritsu, 円密禅律); à l'époque d'Ennin, on n'y enseigne le nembutsu (念仏, récitation de la formule d'invocation au Bouddha Amida, (阿弥陀) A l'époque Kamakura, le temple devint le foyer des principaux mouvements de réforme du bouddhisme médiévale. En sortir des moines tels Ryônin (良忍, 1072-1132), Hônen (法然, 1132-1212), Eisai (栄西, 1141-1215), Shinran (親鸞, 11731262), Dôgen (道元, 1200-1253) ou Nichiren (日蓮, 1222-1282). Il fut complètement détruit par Oda Nobunaga en 1571, puis réédifié sous Hideyoshi et les shôgun Tokugawa jusqu'à Iemitsu.

Bibliographie:

  • Maison du Japon à Paris, Dictionnaire Historique du Japon, "Tendai", Maisonneuve et Larose, 1962-1995.
  • Maison du Japon à Paris, Dictionnaire Historique du Japon, "Enryaku-ji", Maisonneuve et Larose, 1962-1995.
  • SIEFFERT, René, Les religions du Japon, PUF, Paris, 1968.
  • Extraits de chants liturgiques bouddhiques de l'école Tendai du bouddhisme japonais : (Harmonia Mundic collection Occora)

音楽08_Kyogaku_Shingon
音楽12_Butsu_San
音楽15_Zuiho_Eko_Shichi_Bongo_San

1 décembre 2008

Zenkunen no eki (前九年の役) et Gosannen no eki (後三年の役)

    Les « guerres antérieurs de neuf ans » (Zenkunen no eki, 前九年の役) sont une série de campagnes militaires de la seconde moitié du XIème siècle opposant les troupes de la capitale commandées par Minamoto no Yoriyoshi (源の頼義), et les Abe (安倍氏), famille très puissantes dans la région septentrionale de Mutsu, chefs des populations dites « fushû » (俘囚), c'est à dire les Ezo (蝦夷), qui s'étaient soumis à la cour. Ces guerres de 1051 à 1062, sont comme des poussées de violences entrecoupées de longues trêves . Elles sont suivies, à la fin du XIème, par une autres série de conflits regroupés sous l'appellation de de « Go sannen no eki ».        

       Milieu XIème, les Ezo étaient regroupés dans six districts établis dans le nord de Mutsu (Oku rokugun, 奥六郡) : Isawa (    ), Esashi (沢刺), Waga (和賀), Hienuki (稗貫), Shiwa (紫波) et Iwate (岩手). le contrôle se faisait par leurs chefs (俘囚の長) titre héréditaire lors des évènements depuis trois générations à la plus puissante des familles des la région, celle des Abe, qui avaient ainsi obtenu une grande puissance et qui cherchait à l'étendre vers le sud au delà des six districts. Cette recherche de d'avantage de puissance vers le sud ne pouvait aboutir que sur un conflit avec le gouvernement de la province de Mutsu.         Ancient_and_early_modern_castles_sites_of_Morthern_Japan__the_Nara_and_Heian_peeriods__ad_600_1200_and_the_H_j__family_castles__1500_1590
       En 1051, Fujiwara no Naritô (
藤原の登任), gouverneur de Mutsu, allié à Taira no Shigemori (平の重盛) gouverneur du château d'Akita (Akita-jô no suke, 秋田城の介) en Dewa, attaque les Abe mais subit de lourdes défaites.
     La cour impériale décide nommer alors en qualité de gouverneur de Mutsu, Minamoto no Yoriyoshi (
源の頼義).         La cour cependant choisit le compromis avec le chef des Abe, Abe no Yoriyoshi, qui obtient une amnistie et voie son nom personnel changé en Yoritoki (頼時). La situation semble calmée.       
       En 1056, alors que le mandat de Yoriyoshi allait prendre fin, une rixe entre Japonais et Ezo fait plusieurs morts dans un campement près de la rivière Akuto (
阿久川). Le fils de Yoritoki, Abe no Sadatô (安倍の貞任), est accusé. Les Abe se sentent humiliés, entrant en rébellion ouverte: les six districts sont en état de sécession. La cour reconfirme Minamoto no Yoriyoshi dans ses fonctions avec pour mot d'ordre d'attaquer les Abe. Ceux-ci, farouches, infligent de sérieux revers à Minamoto no Yoriyoshi.         
       En 1057, Yoritoki est tué au combat et Sadatô continue la lutte. Grâce à leur connaissance du terrain, les Abe infligent de lourdes défaites à leurs ennemis dont la bataille de Kiyomi (
異海), dont seuls trois cavaliers minamoto s'en sortent.
      Finalement Yoriyoshi parvient à reconstituer ses forces, surtout grâce à l'alliance de Kiyohara no Takenori (
清原の武則) qui modifie les rapports de force. Les Kiyohara sont comme les Abe des chefs de populations Ezo installées, elles, en Dewa. En 1062, ils lèvent une nombreuse armée qu'ils mettent à la disposition de Yoriyoshi. À l'automne, tous les points d'appui des Abe tombent les uns après les autres et les membres du clan vaincu, encerclé dans un fort sur la Kuriyagawa (厨川), sont tués. Le prestige de Minamoto no Yoriyoshi en sort grandi mais c'est Kiyohara no Takenori qui, nommé général chargé de pacifier les rebelles (Chinjufu shôgun, 鎮守府将軍), obtint les moyens officiels d'assurer sa domination sur les provinces du Nord.       
       Les « guerres postérieurs de Trois Ans » (Gosannen no eki,
後三年の役), quant à elles, se bornes à une série de lutte intestines au sein du clan Kiyohara pour que, selon le Ôshû gon sannen ki (奥州後三年記)de 1347, les trois demi-frères à la tête du clan ne monopolisent pas chacun le pouvoir. En fait au lieu d'être une lutte défensive pour garder le clan hors de la « tyrannie », il s'agit bien d'une lutte pour l'hégémonie. Depuis la fin de la Guerre antérieur de Neuf ans, le clan Kiyohara a étendu ses terres sur celles du clan sécessionniste des Abe.
       Lié à Sanehira (un des demi-frères), le gouverneur (kokushi,
国司) de la province de Mutsu, Minamoto no Yoshiie (源の義家, 1039 ; 1106), dû intervenir auprès de Sanehira puis à la mort de celui-ci, intervint auprès de Kiyohira. Son intervention connu le même succès que celle de son père Yoriyoshi contre les Abe. Mais pour la cour, le conflit ressemblait à une affaire privée et Yoshiie ne reçut rien en récompense. La cour reconnaitra 11 ans plus tard les mérites de Yoshiie, mais la puissance qu'il avait acquerit entre temps avait semble-t-il fait perdre tout caractère académique au débat.

         Bibliographie :

  • Maison franco-japonaise, Dictionnaire historique du Japon, "Zenkunen no eki" et "Gosannen no eki", Maisonneuve et Larose, 1961-1995.
  • TURBULL, Stephen, Japanese castles, AD 250-1540, Osprey Publishing, 2008.
1 décembre 2008

L'époque Heian

L'époque de Heian commence avec l'établissement de la Cour à Heian-kyô et s'achève avec la chute des Taira (Heishi, 平氏) et l'autorisation donnée à Minamoto no Yoritomo (源の頼朝) de nommer des gouverneurs militaires (shugo, 守護) et des intendant domaniaux (jitô, 地頭) en 1185.

Mais le critère de résidence du pouvoir n'est pas satisfaisant dans la définition de la période. La nature du pouvoir ne change presque pas des époques précédentes ; le système du ritsuryô seidô (律令制度) s'est même maintenu jusqu'au XIIIème siècle.

Durant cette période dite de Heian on distingue une période initiale, une période moyenne et une période finale.

La période initiale commence avec le règne de Kammu tennô qui abandonna Heijô-kyô (平城京) en 781 et s'achève avec le règne de Daigo tennô en 930. Durant cette sous période, l'unité du pays est effectuée, vers le Xème siècle, par la conquête des régions du Nord de Honshû et l'organisation des provinces de Mutsu (陸奥国) et de Dewa (出羽国).

Des ambassades furent envoyées en Chine en 804-805 et 838-839, mais les relations avec l'empire du continent furent coupés en 894, de même qu'avec Shiragi (Silla, 新羅) et Bokkai (渤海), état qui disparaitra au Xème siècle. Cependant le pays n'était pas fermé et des moines venus de Chine continuaient de venir dans l'archipel.

Durant cette période initiale, on y voit la volonté de préserver le système des codes, traduit par un grand effort de codification et de compilation. On a retenu ceux de l'ère Kônin (弘仁, 810-824) et Jôgan (貞観, 859-877) et les textes presque complet de l'ère Engi (901-923), l'Engishiki (, « le règlement de l'ère Engi »,延喜).

Le Dajôkan a également émis des kyaku (), textes modifiant les lois, de façon fréquente jusqu'au premiers tiers du Xème siècle, regroupé ultérieurement dans le Ruijû-sandai-kyaku (« le décret des trois ères », 三代格).

La cour a exercé son contrôle sur l'écriture de l'histoire jusqu'à la dernière des Six Histoires (Rikkokushi, 六国史, 720-901) et les Chroniques véridiques des trois règnes (Nihon-sandai-jitsuroku, 日本三代実録). les études littéraires pourvoyeuses de fonctionnaires lettrés sont mises en place au IXème siècle avec l'organisation de la « voie des lettres » (monjô-dô, 文章道). Cependant, l'apparition des kana vient « court-circuiter » et tempérer la domination de la culture chinoise et permet la commande d'une anthologie de poème, le Koki waka shû (« les poèmes de jadis et de maintenant », 古今和歌集) en 905.

Fin VIIIème début IXème, puis début Xème encore, des efforts d'applications plus strict des codes, pour mieux contrôler l'administration provinciale, pour diminuer certaines charges du peuple (par abandon du service militaire et la création des kondei (健児), soldats d'élites, ainsi que par l'assouplissement des clivages entre sujets ordinaires (ryômin, 良民) et humbles (semmin, ), en autorisant les mariages mixtes). Son désir était de conserver le service agraire et fiscal et d'éviter l'appropriation des terres par les grandes familles et le développement des domaines (shôen, 荘園). En 902, grâce à Fujiwara no Tokihita (藤原の時), un décret alla dans ce sens, et des tentatives de distributions des rizières de la catégories des rizières de répartition (kubunden, 口分田). Des fonctions hors-codes (ryôge no kan, 令外の官) firent leur apparition début IXème siècle telle la chancellerie privée (kurodôdokoro, 蔵人所) ou le bureau de police (kebiishi-chô, 検非違使) mais ces organes ne marquent pas tant un affaiblissement du pouvoir ou un abandon du régime des codes qu'une manière d'aménager plus efficacement son fonctionnement.

Le IXème siècle fut celui de la montée en puissance de Fujiwara no Fuyutsugu (藤原の冬嗣) et la formation de la fonction de régent (sesshô, 摂政) et de grand rapporteur (kampaku, 関白), grâce à Yoshifusa (良房) et à Mototsune (基経). cette montée provoquera des intrigues de cour en grand nombre, dont les troubles de l'ère Jôwa en 842 (Jôwa no hen, 承和の変), l'incident de la porte Ôtemmon en 866 (Ôtemmon no hen, 大天門の変), l'affaire Akô en 888 (Akô jiken, 阿衡事件) et l'exil de Sugawara no Michizane (菅原の道真) en 901. À chaque fois la maison Fujiwara pris prétexte pour éliminer des familles ou des clans rivaux.

L'époque moyenne est dite époque Fujiwara (Fujiwara jidai, 藤原時代) parce qu'elle vit le triomphe de cette famille.

Les spécialistes s'accordent à dire que cette sous-période commence à l'incident de l'ère Anna (Anna no hen, 安和の変) en 969 et s'achève un siècle plus tard , à l'avènement de l'empereur Go-Sanjô, en 1068.

Durant environ deux siècles, les Fujiwara consolidèrent leur pouvoir à la cour en éliminant leur concurrents et en écartant les autres clans ou familles des hautes charges et des postes de hauts dignitaires. Pour assurer leur hégémonie, ils usèrent principalement de leur parenté par les femmes avec la maison impériale, et ainsi protéger les princes impériaux, leurs petits-fils ou neveux, et d'en pousser à la succession. Par leurs positions de grand-pères ou d'oncles, ils exercèrent auprès des empereurs mineurs la fonction de régent (sesshô, 摂政) et auprès d'empereurs adultes celui de grand rapporteur (kampaku, 関白), conseiller privilégié. Ces fonctions ont été constituées fin IXème siècle, mais au début XIème siècle, à la fin du règne de l'empereur Daigo et sous celui de l'empereur Murakami, au milieu du siècle, elles ne furent pas décernées. À l'avènement de Reizei tennô en 967, cette fonction fut confiée à Fujiwara no Saneyori (藤原の実頼), aîné de la maison. À partir de cette date, les dissensions au sein de la famille Fujiwara restent fortes avant que que Fujiwara no Michinaga (藤原の道長) ne l'emporte en 995, refusant ce pendant de se parer de la charge de grand rapporteur et n'accepta que pour peu de temps celle de régent en 1016. Mais il disposait des compétences propres à la fonction, car il avait reçu la charge d'examen (nairan, 内覧). Après lui, la charge revint sans contestation à son fils Yorimichi (頼通), mais il ne put assurer la régence à l'avènement de l'empereur Go-Sanjô car celui-ci était né d'une princesse impériale. Plus tard les fonctions de régence et de grand rapporteur, bien que toujours attribués, perdirent de plus en plus d'autorité réelle et tendit à n'être plus qu'honorifique. La prééminence de la maison des régents et des grand rapporteurs (sekkanke, 関家) sur la cour s'exerce principalement par le contrôle sur les rapports présentés à l'empereur et sur les ordres émis en son nom, sans qu'ils aient eu besoin, comme on le dit souvent à tort, d'utiliser des procédures anormales ou des substituer les ordres de leur maison à ceux de la cour.

Durant cette période l'activité de cour est essentiellement tournée vers l'accomplissement de rites nécessaires à la prospérité du pays et à la sauvegarde du rôle exemplaire de l'entourage du souverain. Les cérémonies religieuses sont multipliés par les aristocrates, surtout les bouddhiques, car on a cru entrer dans l'âge de la fin de la Loi (mappô shisô, 末法思想). Liés à ces considérations sur l'évolution de la Loi, le développement des croyances amidistes propagées par Kûya, et la grande vogue du bouddhisme ésotérique Tendai et Shingon.

Les institutions des codes se sont maintenues, mais au lieu de conserver leur caractère bureaucratique, s'étaient emprunts de liens personnels, de liens de clientèles, entre haut dignitaires et fonctionnaires de rangs divers. Les méthodes de promotion, de nomination et de traitement des paiement en furent bouleversés.

La cour se contenta de plus en plus de concéder les postes de gouverneurs de provinces responsables (zuryô, 受領), moyennant certains engagements pris par le gouverneur, et se désintéressa de toutes les procédures de contrôle, minutieuses et bureaucratiques.

Dès le milieu du Xème siècle, les notables locaux, issus de familles de fonctionnaires de la capitale obligés de venir en province pour trouver subsistance, ont suscité des troubles: ceux de Jôhei et Tengyô (平。天慶の乱), mais aussi la révolte de Taira no Tadatsune (の忠常) de 1028 à 1031, ainsi que les luttes du Nord de 1051 à 1062 (Zen kunen no eki, 前九年)puis de 1083 à 1087 (Go sannen no eki, 後三年).

Au XIème siècle, prirent de l'importance deux phénomènes : l'apparition des domaines et celui des groupements de guerriers (bushidan, 武士団). Le développement des domaines devait ruiner le fonctionnement fiscal des codes, sans pour autant, à ce stade, détruire les bases financières de la cour : il se fit largement grâce au système de la remise. Fin XIème, les exemptions et les immunités (fuyu fun'ya, 不輸不入) se sont multipliées et ont finit par concerner la moitié des terres. Les officiers domaniaux, aussi bien que les gouverneurs de provinces ont dès le Xème siècle organisé autour d'eux des groupes armés, première apparition de la catégorie des guerriers.

L'époque médiane de Heian,dite également des Fujiwara, vit l'âge d'or des lettres de l'époque ancienne et une brillante floraison artistique. Elle s'acheva quand les empereurs adultes prirent l'habitude de se retirer du pouvoir et entrer en religion, non sans exercer eux-même la régence auprès de l'empereur régnant, et de contrôler la Cour depuis leur cloitre.

L'époque finale est donc celle des gouvernements retirés (insei, 院政). avec l'arrivée de Go-Sanjô en 1068, la prépondérance des régents Fujiwara fut ébranlée, car cet empereur avait pour mère une princesse impériale et non une Fujiwara. Son fils Shirakawa tennô abdiqua en 1086 et pris le rôle de protecteur de son fils l'empereur régnant, rôle qu'il conservera sous plusieurs règnes durant 43 ans. Son petit-fils, Toba tennô tint le même rôle pendant 28 ans, puis Go-Shirakawa pendant 34 ans.

Ce type de gouvernement ne fut pas différent de celui des régents Fujiwara : il laisse se développer les domaines, essayant de s'assurer le plus grand nombre de droits domaniaux et s'appuya sur une clientèle de fonctionnaire moyens, gouverneurs de province, résidant et responsables, pour pouvoir toucher le plus facilement des revenus.

Les empereurs retirés prirent comme force armée celle du clan des Taira, représentée au XIIème siècle par Tadamori (平の) et Kiyomori (平の清盛), pour aider de tenir en échec les troupes des grands établissements religieux (Enryaku-ji 延暦寺et Kofuku-ji 興福寺 notamment).

À la mort de Toba-in, les rivalités entre maison impériale et Fujiwara donne naissance aux troubles de l'ère Hôgen (Hôgen no ran, 保元の乱), qui permit à Taira no Kiyomori et Minamoto no Yoshitomo (源の頼朝) de se distinguer.

Taira no Kiyomori chercha à consolider sa puissance à la cour, et essaya pour cela de devenir grand-père d'empereur, ce qu'il réussi avec Antoku tennô. Cependant, il s'attira l'hostilité des nobles de la cour, des établissements religieux et de la cour de l'empereur retiré Go-Shirakawa-in. Bien plus, son intrusion dans le monde de la cour a peut-être contribué à en détruire les délicats équilibres et l'image dans le pays.

L'initiative du prince Mochihito (以仁王) en 1180 demandant la destruction des Taira, la tentative manquée de Minamoto no Yorimasa (源の頼政), puis l'entreprise méthodique de Yoritomo (源の頼朝) à partir des provinces de l'est, aboutirent à la guerre dite « de Gempei » (Gempei no tatakai, 源平の戦) ou après cinq années de lutte, le clan Taira fut vaincu provoquant par là même la mort du très jeune empereur Antoku.

Ces guerres civiles marquèrent la chute du gouvernement de l'aristocratie civile des kuge et la naissance d'un nouveau régime, celui des guerriers, les buke ().

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       Bibliographie :

  • Maison du Japon à Paris, Dictionnaire historique du Japon, "Heian jidai", Maisonneuve et Larose, 1962-1995.
  • Maison du Japon à Paris, Dictionnaire historique du Japon, "Fujiwara jidai", Maisonneuve et Larose, 1962-1995.
1 décembre 2008

Chronologie

Voici une chronologie basique de l'histoire du Japon.

Préhistoire, 先史時代,  Senshi jidai, et Protohistoire, de 30 000 avt J.-C. à la fin du VIe s. aps J.-C.

Paléolithique, kyûsekki jidai, 旧石器時代, dit aussi                               de -30 000 à -8000.
période sans poterie , mudoki jidai,
無土器時代.



Néolithique, shinsekki jidai ,新石器時代,dit aussi                             de -8000 au -IIIe s.
période des poterie à décor cordé,
Jômon jidai,
縄文時代.

Chalcolithique, âge du bronze et âge du fer,
                                         du - IIIe s. au IIIe s. aps J.-C.
Yayoi jidai,弥生時代 (du Quartier de Tôkyô ou fut
découverte la première trace de la culture de cette période).

Protohistoire, dite époque des grandes                                                du IIIe s. à la fin duVIe s.
sépulture ou Kofun jidai,
古墳時代
.


Période Ancienne,
古代, Kodai, de 593 à 1185.

époque d'Asuka, Asuka jidai, 飛鳥時代.                                                 de 593 à 710.
 
époque Nara , Nara jidai,
奈良時代
.                                            de 710 à 784.

époque de Heian, Heian jidai, 平安時代.                                        de 784 à 1185.

Moyen Âge, 中世時代, Chûsei, dit aussi "période féodale", 封建時代, hôken jidai, ou "période des guerriers", 武家時代, buke jidai, de 1185 à 1573.


époque Kamakura, Kamakura jidai,鎌倉時代.                de 1185 à 1333.
         haute époque, Kamakura zenki,鎌倉前期                                        1185- 1219.
         époque centrale des régents Hôjô,                                                          1219-1270.
              Hôjô jidai,北条時代
.
         basse époque, Kamakura makki,鎌倉末期.                                        1270-1333.

Restauration Kemmu, Kemmu no chûkô,建武の中興
      de 1333 à 1336.

époque de Muromachi, Muromachi jidai,室町時代.        de 1336 à 1573.
       époque des cours du nord et du sud,
          Nambokuchô jidai,南北朝時代.                                             1336-1392.
       époque des Ashikaga, Ashikaga jidai, 足利時代.                          1392-1467.
 

         époque des provinces en guerre, Sengoku jidai,                               1467-1573.                                             戦国時代.

Période moderne,
近世, Kinsei, de 1573 à 1867.

époque d'Azuchi Momoyama                                        de 1573 à 1603.
  Azuchi-Momoyama jidai, 安土・桃山時代

    

époque d'Edo, Edo jidai,江戸時代.                             de 1603 à 1867.
ou des Tokugawa,徳川時代
       haute époque d'Edo,                                                               1603-1651.
        Edo zenki,江戸前期.
       apogée ou période moyenne,                                                   1651-1703.
       chûki,中期.
       période basse d'Edo,                                                                1703-1853.
        Edo makki,江戸末期.
       agonie du Bakufu,                                                                    1853-1867.
        Bakumatsu,幕末.

Période contemporaine, 現代, Gendai, depuis 1868. 

Restauration Meiji, Meiji ishin, 明治維新                                        1868.

ère Meiji, Meiji jidai, 明治時代                                                de 1868 à 1912.

ère Taishô, Taishô jidai, 大正時代                                            de 1912 à 1926.

ère Shôwa, Shôwa jidai, 招和時代                                            de 1926 à 1989.

ère Heisei, Heisei jidai, 平成時代                                              depuis 1989.

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